Les modes changent, les maisos témoinds suivent. Economies et performances énergétiques au programme. Il faut séduire un client de plus en plus exigeant.

VOIR, SENTIR, TOUCHER : LES MAISONS TEMOINS sont autant des outils de marketing que des lieux de découverte sur les tendances et les évolutions de la construction. Inutile d’en dire long sur l’enjeu de ces demeures consacrées aux visites : comparativement à ses pays voisins, la Belgique demeure un pays où on accède (relativement) facilement à la propriété, et partant, à la construction ou la rénovation d’un bien.

La grande majorité des entreprises de construction entretient une sinon plusieurs maisons témoins. Certaines possèdent aussi des maisons « expos« , qui appartiennent à un ex-client acceptant d’en ouvrrir les portes ponctuellement. Quelle que soit la version du concept, il a déjà fait ses preuves depuis des dizaines d’années. Surtout, il témoigne des attentes grandissantes des candidats bâtisseurs. « Nous sommes bien plus à l’écoute du client aujourd’hui qu’il y a quelques années« , confime-t-on sans hésitation chez Team Construct, qui dispose de cinq maisons témoins. « Auparavant, c’était surtout le maître d’ouvrage qui décidait, et le client optait pour un package complet. A présent, le client vient pour se faire une idée, nous adaptons nos produits et il n’existe donc plus de solution toute faite. Il réclame aussi une maison parfaitement finie, jusqu’au carrelage et autres finitions« . Cette tendance s’explique notamment par l’évolution du profil de la clientèle de Team Construct : elle est plus âgée que jadis (début de la trentaine), et n’en est plus à ses premiers pas dans l’immobilier. Ce qui la rend naturellement plus exigeante, parce que mieux informée … C’en est fini des achats impulsifs. Effet de la conjoncture ? Sûrement.

Découvrir un habitat n’est pas tout. La maison témon vise aussi à faire connaître une méthode de construction et ses grands principes architecturaux. Bref, à savoir ce qui se fait durant le chantier … Et là aussi, les maisos témoins portent bien leur nom : comme l’ensemble du secteur immobilier, elles ont pris un sérieux coup de vert depuis quelques années. Certes, le design reste une préoccupation majeure de la construction, mais il cohabite avec les performances énergétiques, au coeur de bien des projets de maisons témoins. « Les modes changent« , analyse Eric Reumont, directeur commercial de Maison Blavier, entreprise spécialisée dans les maisons unifamiliales. « Le concept d’économie d’énergie était pratiquement inexistant il y a encore dix ans« . Alors qu’aujourd’hui, la performance énergétique des bâtiments (PEB) domine toutes les étapes de la construction. « Au point que notre entreprise, qui promeut l’isolation pure et dure avant les technologies telles le solaire photovoltaïque, construit des maisons plus performantes que ce que réclame la Région wallonne à l’heure actuelle« , poursuit Eric Reumont. Une politique adoptée également par d’autres entreprises de construction. T. Palm fera ainsi visiter une maison basse énergie début juin. Si le choix des performances énergétiques d’une maison dépend in fine de la capacité  budgétaire du candidat bâtisseur, il n’est plus possible d’éviter les bases mêmes des économies d’énergie, qui concernent l’enveloppe du bâtiment. De cela, il faut pouvoir témoigner avec qualité :  » la conjoncture difficile et l’émergence de la PEB ont donné un coup de pied dans la fourmilère. Certains l’ont senti passer« , assure Eric Reumont. C’est d’autant plus nécessaire que les clients sont mieux informés, et prennent plus le temps avant de se décider.

Visiter passif ?

La plate-forme Maison Passive organise annuellement des visites de maisons passives, dans le cadre de la journée internationale consacrée à ce thème. La prochaine aura lieu la 14 novembre 2010. Parmi les 24 maisons ouvertes en novembre passé, une sur trois était déjà occupée depuis plus ou moins longtemps. Les autres étaient toujours en chantier. Ce qui permet soit de parler « expérience » avec ceux qui vivent déjà sous le standard passif, soit de se rendre compte du déroulement du chantier et des spécificités de la construction passive.